Soins infirmiers

dans les états anxio-dépressifs

 et leur traitement.

 


 

 

SOMMAIRE

 

 

 

 

Rappel sur l’anxiété et l’angoisse.......................................................................................... p 3

Introduction............................................................................................................................. p 5

1. Quelques notions d’épidémiologie..................................................................................... p 6

2. Education des personnes soignées en matière d’hygiène de vie...................................... p 6

3. Aide à la réinsertion dans le tissu social et familial.......................................................... p 7

4. Sémiologie........................................................................................................................... p 8

4.1 La tristesse.................................................................................................................. p 8

4.2 Le dégoût de la vie...................................................................................................... p 8

4.3 La souffrance morale.................................................................................................. p 8

4.4 Le ralentissement psychique et moteur..................................................................... p 9

4.5 L’asthénie.................................................................................................................... p 9

4.6 Les troubles du sommeil............................................................................................. p 9

4.7 L’altération de l’appétit.............................................................................................. p 9

4.8 L’anxiété..................................................................................................................... p 9

4.9 Les idées de mort et de suicide................................................................................ p 10

4.10 L’état dépressif masquée....................................................................................... p 10

5. Nosographie...................................................................................................................... p 11

6. D’un point de vue pathologique........................................................................................ p 12

6.1 Les états dépressifs névrotiques............................................................................. p 12

6.2 La dépression réactionnelle..................................................................................... p 13

6.3 Les états dépressifs atypiques................................................................................. p 13

6.4 Les états dépressifs symptomatiques...................................................................... p 13

 

 

 

6.5 La psychose maniaco-dépressive............................................................................. p 14

6.5.1 L’accès mélancolique..................................................................................... p 15

6.5.2 L’accès maniaque.......................................................................................... p 16

6.5.3 Evolution de la PMD..................................................................................... p 18

7. Action infirmière auprès du patient déprimé................................................................... p 19

8. Principes des traitements des états dépressifs et de la PMD ....................................... p 20

8.1 Etats dépressifs névrotiques ou réactionnels.......................................................... p 20

8.2 Traitement de la PMD.............................................................................................. p 21

9. Pour prendre en charge un patient dépressif................................................................... p 21

10. Que nous disent les textes qui nous régissent ?............................................................ p 22

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Rappel sur l’anxiété et l’angoisse 

 

Anxiété :

 

On passe de l’inquiétude à l’anxiété par le simpple accroissement de l’intensité des affres psychologiques et des troubles physiologiques. Ceux-ci (sudations, accélaration marquée des rythmes cardiaques et respiratoire, dérobement des jambes) peuvent servir de critère : leur absence ou leur faiblesse marque l’inquiétude ; leur présence et leur force signent l’anxiété. Mais le grand syndrome fourni par la constriction thoracique douloureuse et paralysante n’est jamais présent dans l’anxiété, aussi forte qu’elle soit.. Il demeure à son tour le critère décisif pour séparer anxiétés et angoisses : il est le propre de l’angoisse.

 

L’anxiété est le sentiment d'un danger imminent et indéterminé s'accompagnant d'un état de malaise, d'agitation, de désarroi et d'anéantissement.

 

Etat anxieux : Etat affectif caractérisé par un sentiment d’insécurité, de trouble diffus. (Larousse psychologie)  

Le trouble anxieux est difficilement définissable. La définition de "peur sans objet" tient difficilement la route face aux phénomènes tels que l'anxiété liée à des situations bien précises, ou le trac.  

  
On peut également se demander s'il est utile de trouver une définition.    

Anticipation anxieuse : inquiétudes portées sur l'avenir (appréhension et préoccupation) 

 Malaise et tension intérieure, incapacité à se détendre.

    
-  Les idées angoissantes vont et viennent (à la différence de la névrose obsessionnelle). 

Sensation d’un événement négatif imminent.    

Etat d’hypervigilance. 

 

 

 

 

De la peur à l’angoisse réactionnelle :

Si l’anxiété est un état diffus d’inquiétude, avec de fréquents accès plus ou moins marqués  qui correspondent à des focalisations de l’inquiétude dans le temps et dans l’espace, lapeur apparaît comme le cas particulier où la situation menaçante est là, présente, définie ou globalement perceptible. FREUD est très clair : l’ « angoisse (…) a pour caractères inhérents l’indétermination et l’absence d’objet ; dans l’usage correct de la langue son nom lui-même change lorsqu’elle a trouvé un objet : il est remplacé par celui de peur[1] »

 

Angoisse :

 

Tension anormale résultant d'une peur dont la source n'est ni connue, ni reconnue par la personne.

 


 

L’état dépressif se caractérise par une perturbation de l’humeur dans un sens négatif. Les sentiments de tristesse et de douleur morale y sont au premier plan.

 

Introduction

 

 

La dépression est un trouble de l’humeur.

L’état dépressif se caractérise par une perturbation de l’humeur dans un sens négatif. Les sentiments de tristesse et de douleur morale y sont au premier plan.

L’humeur est la disposition du psychisme qui fait que nous nous sentons gai ou triste (que nous sommes dans l’agréable, le désagréable, le plaisir ou le déplaisir). L’humeur aussi appelée thymie (du thymus) fluctue en fonction des moments et des environnements.

 

Dans les perturbations de l’humeur, la vie affective du sujet est modifiée, allant de la tristesse à la gaieté et en étant effondré ou excité. Ainsi on voit « la vie en noire » ou « en rose » comme on peut aussi  « prendre la vie du bon coté ».

 

Etre triste n’est pas pathologique en soi. Il peut y avoir des raisons. On distingue tristesse pathologique et tristesse légitime qui s’estompe au fil du temps.

La tristesse pathologique d’un état dépressif est différente. Il n’existe pas d’évènement déclenchant ou alors sans importance et sans commune mesure avec la tristesse exprimée. Cette tristesse est « bloquée ». Le sujet reste déprimé à la disparition de l’évènement déclenchant. Elle est intense et se prolonge.

 

L’humeur dépressive est indépendante de l’environnement.

« Il a tout pour être heureux ». « Il devrait se secouer, il n’est pas si mal que cela ».


 

1. Quelques notions d’épidémiologie :

 

Les états dépressifs sont les syndromes psychiatriques les plus rencontrés.

Le risque suicidaire est majeur. Plus de 12000 décès par an en France. Les 25-30 ans et les personnes âgées. Certains états dépressifs masqués passent inaperçus avec des symptomatologies d’allure somatique.

La personnalité dépressive montre une personne vulnérable, fragile, supportant mal les difficultés, les échecs et qui reste bloqué sur une situation de rupture devant un évènement traumatisant. Toute son énergie psychique reste focalisée et la personne ne parvient pas réinvestir l’extérieur.

Chez les dépressifs les relations précoces avec les mère et père ont été troublées : Par séparation précoces ou difficultés de la mère à aimer l’enfant (avec des manifestations agressives et une dévalorisation de l’enfant).

Nous devons garder à l’esprit que la dépression est une maladie et qu’il existe des traitements efficaces conduisant à la guérison.

 

2. Education des personnes soignées en matière d’hygiène de vie :

 

Il est important d’expliquer au patient son état et de nommer sa maladie, ce diagnostic peut le rassurer alors qu’il est souvent désemparé.

Les soins se font essentiellement par psychothérapie et chimiothérapie. Ils doivent être bien expliqués car leur observance n’est pas toujours bonne. Il faut faire accepter au patient le diagnostic de dépression puis la prise régulière de traitement et même au-delà de l’amélioration clinique. Un arrêt trop précoce des antidépresseurs peut faire rechuter en dépression.

 

En matière d’hygiène de vie :

 

Il convient d’informer la patient d’une prise de poids avec les antidépresseurs et donc nous pouvons lui conseiller quelques mesures diététiques. L’appétit augmente.

La normalisation du sommeil et la disparition de l’insomnie sont aussi bons signes.

 

L’alcool est déconseillé car il potentialise les effets des antidépresseurs et peut entraîner des hypersomnies avec des états d’excitation ou bien encore des chutes de tension artérielle.

 

Les antidépresseurs IMAO[2] présente des contre-indications alimentaires : Interdiction des fromages, des poissons crus et de l’alcool et des contre-indications médicamenteuses : les dérivés d’adrénaline, de l’éphédrine et des béta-bloquants.


Le délai d’actions des antidépresseurs est long, de 8 à 20 jours.

 

3. Aide à la réinsertion dans le tissu sociale et familial

 

Le patient déprimé à une forte tendance à s’isoler, à éviter les autres et à s’enfoncer dans une solitude pénible, durable et à ruminer sa morosité. Il a perdu sa dignité personnelle et une certaine estime de soi.

En tenant compte de ses habitudes antérieures, de ses centres d’intérêts et de ses prédispositions, le soignant va lui proposer des activités qui pourront le valoriser.

La participation à la vie communautaire dans le service peut être un début de réinsertion sociale. La confection d’un repas, la préparation de la table ou des activités d’expression artistique ou corporelle.

 

Le soignant accompagnera le malade dans le groupe et participera avec lui aux activités. Progressivement, il le suivra à l’extérieur dans ses démarches sociales de façon à ne pas de nouveau placer seul le sujet déprimé dans des situations pénibles, blessantes, qu’il doit affronter pour se réinsérer socialement et qu’il ne pourra supporter seul.

 

Dans le même ordre d’idée, le soignant stimule le patient pour son hygiène et sa tenue vestimentaire qui sont négligés lors de fortes dépressions. Il l’incitera à s’occuper de lui, en lui proposant d’aller chez le coiffeur, en l’accompagnant acheter de nouveaux vêtements.


 

 

4. Sémiologie :

 

La dépression se manifeste par une perturbation négative de l’humeur, humeur dépressive ou tristesse pathologique qui, par son intensité et par sa durée, va retentir sur la vie affective, sur la vie intellectuelle et sur la vis somatique du sujet.

 

4.1 La tristesse :

 

Elle modifie considérablement la vie affective du déprimé. De la simple morosité à la souffrance intérieure majeure appelée « douleur morale ».

Le patient s’explique mal ce sentiment de tristesse entraîne découragement, désespoir et épuisement.

La tristesse est permanente, tenace, inconsolable. Le visage apparaît fermé, les traits sont tirés, le regard éteint. Les propos sont noirs et pessimistes, dans une vision péjorative de l’avenir.

 

4.2 Le dégoût de la vie :

 

Le patient n’investit plus l’existence. Il a perdu ses centres d’intérêt. Sa souffrance l’accapare. Une grande lassitude l’envahit, le sujet n’a plus goût à rien, il n’éprouve plus le plaisir qu’il avait avant.

 

4.3 La souffrance morale :

 

Elle s’exprime par la mésestime de soi, la désespérance. Le patient se déprécie, il ne trouve plus de valeur à la vie. Cette souffrance est vécue comme un échec. Le déprimé rumine remords et culpabilité.

Désinvestissement de la vie et souffrance l’empêchent d’assurer ses fonctions familiales et professionnelles, au moins lors d’état dépressifs majeurs, développant angoisse et culpabilité.

 

4.4 Le ralentissement psychique et moteur :

 

La pensée est difficile, ralentie, son fonctionnement est pénible, demande un effort. Perte de l’attention, difficulté à raisonner, à se concentrer sur autre chose que son état, ruminant sans cesse souffrance.

Le sujet apparaît ralenti sur le plan moteur : les gestes sont lents et rares, le visage peu expressif et monotone, souvent impassible. Les propos sont pauvres et sombres.

Le patient a perdu sa capacité d’effort, sa volonté apparaît diminuée, l’action n’est bien souvent pas possible. Il se décrit « à bout, épuisé, incapable, vidé, au bout du rouleau ».

 

4.5 L’asthénie :

 

Le sujet apparaît abattu, fatigué. L’asthénie est totale, touche l’intelligence, la motricité, la sexualité.

 

4.6 Les troubles du sommeil :

 

L’insomnie est classique avec soit des difficultés d’endormissement ou bien des réveils nocturnes associés à des ruminations tristes. Elle est parfois remplacée par l’hypersomnie.

 

4.7 L’altération de l’appétit :

 

Le dégoût alimentaire peut aller jusqu’à l’anorexie responsable d’une perte de poids parfois importante.

 

4.8 L’anxiété :

 

Elle est fréquemment associée à l’état dépressif, anxiété permanente généralisée avec sensation de malaise mal défini et tension interne.


4.9 Les idées de mort et de suicide :

 

Elles se retrouvent dans la plupart des états dépressifs et semblent être pour le patient déprimé la solution à sa souffrance. Elles vont de la simple idée vague au projet précisé jusque dans les moyens de réalisation.

 

Le suicide est la principale préoccupation du soignant devant un patient déprimé. Il faut toujours rester attentif.

 

La simple allusion doit retenir notre attention et nous faire prendre les dispositions nécessaires :

 

Sont considérés comme éléments inquiétants et devant faire renforcer la surveillance et apporter des soins adéquats :

 

4.10 L’état dépressif masqué :

 

Il est des formes de dépressions où les éléments cliniques dépressifs apparaissent masqués derrière un tableau clinique d’allure somatique. La tristesse n’est pas en premier plan mais des plaintes, d’allure hypocondriaque[4] avec une asthénie importante. Le patient éprouve son corps douloureusement, il se sent « mal dans sa peau ». Il s’inquiète est perturbé.

5. Nosographie[5] :

 

On décrit des états dépressifs :

 

Sous forme de rappel : Les symptômes présents d’un épisode dépressif majeur. L’exemple est tiré de la DSM IV[6].                Episode dépressif majeur selon le DSM IV

Au moins cinq des symptômes suivants doivent être présents pendant une même période d'une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur. Au moins un des symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d'intérêt ou de plaisir.

Je ne vous avais pas parlé jusqu’ici du DSM IV ni de la CIM 10. Les médecins psychiatres l’ont probablement fait avant ?

Ce sont  des tableaux de classification nosographique. Ils concernent peu les soins infirmiers en psychiatrie dont l’approche est plutôt clinique, auprès du malade.

 

DSM-IV – (American) Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – Quatrième version.

 

CIM 10   (Européenne) Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes – Dixième révision.

 

6. D’un point de vue pathologique :

 

6.1. Les états dépressifs névrotiques :

 

Il vient compliquer une névrose, la décompensation dépressive d’une personnalité névrotique est fréquente. On retrouve à la fois les signes de la névrose conjugués à une anxiété vive et des symptômes névrotiques structurés (hystérie ou phobo-obsessionnel).

 

L’état dépressif est souvent de gravité moyenne et survient quand le sujet est en état de rupture d’une situation antérieurement valorisante, rupture vécue comme frustrante.

 

Le patient déprimé névrosé a couramment une quête affective importante avec une demande d’aide auprès de son entourage. Il est sensible à l’attitude de ses proches. Le désinvestissement du monde extérieur n’est que partiel. C’est surtout l’ennui qui est l’atteinte habituelle de ces patients.

 

Les tentatives de suicide sont fréquentes et ont valeur d’appel.

 

 

 

 

 

6.2. La dépression réactionnelle :

 

L’état dépressif est secondaire à un évènement traumatisant, c'est-à-dire suffisamment important pour être pris en considération et expliquer la survenue du trouble. Il survient chez une personnalité prédisposée pas obligatoirement lors d’une névrose caractérisée. Le sujet est fragile, immature et supporte mal la souffrance.

Le syndrome dépressif est de gravité moyenne.

C’est surtout la perte de goût de vivre qui domine. Le sujet manifeste une grande peine qui s’accompagne d’asthénie et d’anxiété.

 

6.3. Les états dépressifs atypiques :

 

La dépression peut marquer toutes les affections psychiatriques et en particulier la psychose.

Dans la schizophrénie, elle peut être un mode d’entrée dans la maladie. Un ralentissement psychomoteur prédomine avec des signes dissociatifs qui seront recherchés (détachement, bizarrerie du comportement, ambivalence) et parfois déjà des éléments délirants.

La période d’état de la schizophrénie (la maladie est installée) est régulièrement émaillée d’état dépressif ou l’apathie, l’apragmatisme, la perte de l’élan vital prédomine le tableau.

 

6.4. Les états dépressifs symptomatiques :

 

Ils s’observent au cours d’affections organiques :

 

Les atteintes cérébrales comme la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, les états démentiels.

L’hypothyroïdie a la dépression comme symptôme.

Certains médicaments comme les antihypertenseurs (aldomet, catapressan), corticoïde, cimétidine peuvent être responsables d’états dépressifs.

 

La cure de sevrage à l’alcool ou à d’autres toxiques (héroïne) entraîne une réaction dépressive.

 

6.5. La Psychose Maniaco-Dépressive :                PMD

 

C’est une affection psychiatrique majeure qui évolue par accès cycliques avec des périodes dépressives (accès mélancolique) et des périodes d’exaltation (accès maniaques). Autrement appelée « troubles de l’humeur » ou « troubles bipolaire ».

Ces troubles de l’humeur alternent. Entre chaque accès le patient retrouve son humeur normale. D’où une autre appellation : « psychose périodique ».

D’étiologie endogène, sans facteur psychique expliquant l’origine des troubles). Un caractère génétique a été établi.

Le pronostic de cette maladie a été amélioré avec l’utilisation des sels de Lithium (Théralithe ou Neurolithium). Ces produits permettent une prophylaxie des accès maniaques et mélancoliques.

 

On parle de psychose à propos de cette affectation psychiatrique car durant les accès :

Affection qui toucherait une personne sur 200.

 

Sur le plan clinique on distingue :

 

 

 

 

6.5.1 L’accès mélancolique :

 

Il s’agit d’un état dépressif qui a ses caractéristiques propres.

Installation lente en quelques semaines. Le patient devient anxieux, émotif. Avec un sentiment de découragement, son humeur s’assombrit, une tristesse profonde s’installe de façon insidieuse.

Son activité se ralentit, il réduit ses occupations et s’en désintéresse.

L’état général se trouve altéré. On constate des troubles du sommeil, une insomnie avec réveil dans la deuxième partie de la nuit, sans possibilité de se rendormir. On retrouve une perte d’appétit avec un amaigrissement concomitant.

 

 

En période d’état :

La dépression est majeure.la présentation d’un patient mélancolique est alors caractéristique. Un ralentissement psychique important, des gestes lents, le regard fixe, le patient est immobile, visage figé, si il parle il est très pessimiste.

L’inhibition psychique altère le fonctionnement intellectuel. Les opérations intellectuelles sont difficiles et pénibles (attention, concentration, réflexion). Tant son attention est mobilisé par des thèmes mélancoliques.

La tristesse est fondamentale. avec une douleur morale. Tous les évènements du patient sont marqués de façon péjorative, submergé par le malheur et rumine en permanence de façon douloureuse cette tristesse que le patient projette tant sur son passé que sur son avenir.

Les idées mélancoliques :

Le risque de suicide :

Dans ce type d’accès mélancolique le risque de suicide est particulièrement important. La recherche de la mort est constante et les soignants devront être sans cesse vigilants. Surtout au petit matin, après une nuit blanche passée à ruminer ses idées morbides après avoir patiemment élaboré son acte à l’aide de moyens violents (défenestration, armes à feu, pendaison).

L’hospitalisation s’impose devant tout accès mélancolique.

 

Evolution

Avec les antidépresseurs l’accès réagit bien.

Le retour u sommeil et de l’appétit signes l’amélioration mais le suicide reste à redouter. Et en particulier au moment de la convalescence, lorsque le patient retrouve un certain entrain et n’apparaît plus ralenti. Le passage à l’acte est facilité alors que les idées délirantes ne se sont pas encore totalement estompées.

 

La surveillance est des plus importantes.

 

6.5.2 L’accès maniaque :

 

C’est un état d’excitation caractérisé par :

 

Ces accès s’inscrivent dans le cadre évolutif d’une PMD et surviennent sans que l’on repère un facteur déclenchant.

 

Le début est rapidement progressif.Le malade se sent exalté, envahi par un sentiment de bien-être avec un besoin d’activité multiples. L’insomnie s’installe. Si le patient a déjà eu plusieurs accès maniaque, l’entourage est déjà alerté. Le patient fait des démarches tapageuses et inconsidérées.

La période d’état :

            La présentation est caractéristique :

 

On retrouve :

Le malade est euphotique, il se sent particulièrement bien, infatigable. Il a le sentiment mégalomaniaque qu’il peut tout entreprendre et tout réussir.

Une note agressive existe toujours, le patient est ironique, caustique[8] et provoquant. Il est aussi ludique, il semble jouer, « faire le fou ». Il existe une excitation sexuelle excessive, le patient érotisant toute relation à l’autre.

 

Il existe une excitation psychique marquée par la fuite des idées. Toues les processus intellectuels semblent accélérés, les idées sont énoncées avec une grande vitesse, les associations d’idées sont superficielles, les idées s’enchaînent les unes ou autres par des jeux de mots et des « coq à –l’âne[9] ».

L’attention est difficile, labile, le patient ne peut se concentrer. Il passe d’une idée à l’autre sans approfondissement.

L’imagination est exaltée, le patient raconte des histoires où il se met en scène avec une note ludique et mégalomaniaque.

 

L’excitation psychomotrice est désordonnée. L’activité est incessante mais stérile. La note ludique est importante, le patient joue volontiers dans ses relations avec les autres, il est à l’aise et particulièrement familier.

A un degré de plus, l’agitation peut devenir dangereuse avec bris d’objet, hétéro-agressivité (manie furieuse).

 

 

 

 

L’insomnie est constante, bien supportée par le patient qui reste sthénique[10]. Le malade boit et mange plus que de coutume avec voracité.

 

Evolution : Sous psychotrope (neuroleptiques sédatifs), l’évolution est de courte durée ave sédation rapide des troubles.

 

6.5.3 Evolution de la PMD :

 

Les accès maniaques ou mélancoliques se répètent de façon cyclique, avec un retour à la normale entre chaque accès, avec absence de troubles de l’humeur.La durée de ces intervalles libres est variable (mois/années).

En cas d’accès maniaque l’hospitalisation est nécessaire du fait des conséquences des troubles. En cas d’accès mélancolique aussi du fait du risque suicidaire.


 

7. Action infirmière auprès du patient déprimé :

 

Le soignant aura avant tout une action de soutien auprès du patient (soutien psychologique, « moral »). Avec pour objectif de réduire sa souffrance et de lui faire accepter le traitement (hospitalisation, prise en charge mais aussi médicamenteux avec ses effets secondaires indésirables).

 

On tentera de faire comprendre au patient qu’il a une vision de lui-même et du monde partielle et partiale[11], qu’il voit les choses avec beaucoup de pessimisme car il est enfermé dans son système dépressif et qu’une fois levée sa maladie il pourra revivre de façon habituelle et agréable.

Suggérer au patient qu’il ira beaucoup mieux dans quelque temps n’a pas un caractère futile. Il pourra le constater après quelques semaines de traitement. Il se souviendra alors des propos optimistes du soignant, ce qui renforcera sa confiance en lui et améliorera la relation soignant-soigné. Ce qui sera de grande utilité à terme pour une relation de suivi au long cours ou lors d’une rechute ultérieure.

 

Conduite à tenir devant un patient suicidaire :

 

Le suicide pose au soignant des problèmes pratiques et d’autre part engage sa responsabilité.

Devant un patient qui émet des idées noires, voir des idées de suicide, il est important de se mobiliser car banaliser ses propos ou ne pas en tenir compte risque d’amplifier le sentiment de désespoir qu peut ressentir le déprimé.

 

Ce n’est pas parce qu’un patient évoque une idée suicidaire qu’il ne passera pas à l’acte, bien au contraire, 2/3 des gestes suicidaires ont été annoncés dans les jours qui précèdent l’acte.

 

Les idées de suicide sont souvent exprimées de  façon allusive, le patient dire : « je me sens de trop, je n’ai plus aucune utilité » ; il évoquera son souhait d’aller rejoindre un être cher décédé précédemment.

 

Devant ces expressions indirectes d’une profonde détresse, le soignant doit savoir manifester sa présence et son aide au patient, lui offrir la possibilité d’une écoute. On s’autorisera des échanges avec ce patient qui ne croit plus du tout à rien, noyé par l’angoisse, la tristesse et la culpabilité.

 

C’est  en trouvant un élément de réponse à ses questions qui n’ont jamais eu d’explication, chez le soignant que le patient suicidaire pourra surseoir à son projet.

 

8. Principes des traitements des états dépressifs et de la PMD :

 

8.1 Etats dépressifs névrotiques ou réactionnels :

 

Le traitement par les antidépresseurs s’impose, on y associera :

 

8.2 Traitement de la PMD :

 

L’hospitalisation s’impose.

 

L’accès mélancolique :

La chimiothérapie antidépressive est administrée en perfusion pendant deux semaines. Le relais est pris pers os. Soins infirmiers Pose et accompagnement d’une perfusion d’antidépresseurs. Puis, le relais est pris pers os[12].

 

L’accès maniaque : Par des neuroleptiques sédatifs.

 

Traitement préventif des accès maniaques et mélancoliques dans la PMD

 

Se fait à l’aide de traitement par les sels de Lithium (Neurolithium ou le plus utilisé le Téralithe). Il s’effectue en continu après un bilan «  de mise sous Lithium »  car il existe des contre-indications formelles : une insuffisance rénale, une insuffisance thyroïdienne, une insuffisance cardiaque. Ce traitement contraint le patient à prendre au quotidien  ses comprimés afin de maintenir un taux sanguins de lithium compris entre 0.7 et 1.1 milliéquivalent par litre.

Ce traitement est efficace. S’il ne supprime pas les accès, il les réduit en intensité et en périodicité.

 

 

9. Pour prendre en charge un patient atteint de troubles dépressifs :

 

Vous devez avoir des connaissances :

 

 

Vous devez savoir faire des actes infirmiers :

 

 

Vous pourrez poser des diagnostics infirmiers prévalents

 

 

10.Que nous disent les textes qui nous régissent ?

 

Reprise du premier cours afin de croiser les compétences infirmières proposées par la loi avec les besoins de la prise en charge des patients dépressifs.

 

 

Dernière mouture : décret 2004-802 du 29 juillet 2004, qui inscrit les actes de l’exercice infirmier dans le code de la santé publique. Il reprend le décret du 11 février 2002. Le premier décret datait du 15 mars 1993.

 

Il est intéressant de mettre l’accent sur les articles qui portent spécifiquement sur les soins infirmiers spécifiques à prodiguer au patient dépressif.

 

Rappel général : L’infirmier participe à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de (…) la détresse physique et psychique. Il est chargé de la conception, de la gestion du dossier de soin infirmier.

 

De par son rôle propre (rôle qui se joue de lui-même) : Art.4311-5 L’infirmier :

 

4°) aide à la prise des médicaments présentés sus forme non injectable : concerne les traitements. Nous pouvons ajouter et surveillance de la prise. Plus traçabilité (accréditation, prise ? non prise ? =  débat).

 

13°) Préparation et surveillance du repos et du sommeil.

40°) Entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne avec orientation.

41°) Aide et soutien psychologique : Concerne la relation d’aide.

42°) Observation et surveillance des troubles du comportement Art. R 4311-6 : Observation

 

Plus spécifiquement noté dans le domaine de la santé mentale Art 4311-5.

 

1°) Entretien d’accueil du patient et de son entourage.

2°) Activités à visées sociothérapeutiques individuelle et de groupe.

3°) Surveillance des personnes en chambre d’isolement. Concerne le soin intensif Chambre d’isolement par exemple patient dont les risques suicidaires sont incontournables…

4°) Surveillance et évaluation des engagements thérapeutiques qui associent le médecin, l’infirmier et le patient : la démarche de soin en psychiatrie.

 

Concernant ce qu’on appelle le « rôle délégué » sur prescription : Art. 4311-7

 

42°) Entretien individuel et utilisation au sein d’une équipe pluridisciplinaire  de techniques de médiation à visée thérapeutique ou psychothérapeutique : Relation d’aide thérapeutique.

43°) Mise en œuvre des engagements thérapeutiques qui associent le médecin, l’infirmier et le patient et des protocoles d’isolement.  Démarche de soin et projet thérapeutique.

 

Sur prescription avec présence du médecin dans le service : Art. 4311-9

 

10°) Cures (de sevrage et) de sommeil. Soins spécifiques.

 

Avec le médecin Art. 4311-10

 

10°) Sismothérapie (et insulinothérapie à visée psychiatrique). ECT

 

En l’absence de médecin et dans l’urgence : Art. 4311-14

 

Après avoir reconnu une situation comme relevant (…) de la détresse psychologique, l’infirmier est habilité à mettre en œuvre des protocoles de soins d’urgence. (…) Il prend toutes mesures en son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état.

 

Prévention et éducation à la santé. Art. 4311-15

 

5°) Dépistage des maladies (…) des pratiques addictives.

7°) Participation à des actions de santé publique.

 

 



[1] FREUD S ., Inhibition, sympptôme et angoisse, 1926,, nouv ; trad. Franç., PUF, 1965.

[2] Inhibiteurs de la Mono Amine Oxydase.

[3] Lire partout Tentative de suicide ou TA : Tentative d’Autolyse (de lyse destruction auto, de soi)

[4] Préoccupations obsédantes au sujet de la santé donnant une interprétation déraisonnable aux signes physiques ou aux sens

[5] Description et classification systématique et méthodique des troubles ou des maladies

[6] American Psychiatric Association. Mini DSM-IV. Critères diagnostiques (Washington DC, 1994). Traduction française par J.-D. Guelfi et al., Masson, Paris, 1996, 384

 

[7] Logorrhée : incontinence verbale. Besoin irrésistible de parler, même « pour ne rien dire ».

[8] caustique : qui utilise facilement la moquerie, la satire. Mordant, incisif.

[9] Fait de passer brusquement d’un sujet à un autre n’ayant aucun rapport, dans une conversation.

[10] Sthénique : se dit d’une personne qui donne une impression de force ou de dynamisme.

[11] Qui fait preuve d’un parti pris, injuste, qui manque d’équité.

[12] Par voie orale, la bouche.