L’OREILLE ET L’AUDITION

L’AUDITION

L’audition est un sens essentiel dans les processus de communication que l’homme entretient avec ses semblables et son environnement. La perception des sons ambiants et du langage est indispensable au déroulement équilibré de la vie. La déficience auditive altère la communication et représente un handicap social.

L’audition exerce deux fonctions :
- une fonction de communication (parole et le langage)
- une fonction de vigilance et d’alerte (écoute permanente de l’ambiance sonore et de l’environnement proche, que ne peuvent interrompre ni l’obscurité, ni les obstacles).

L’audition n’existe que s’il y a  sons, vibrations qui se propagent dans l’air par variations de pression (ondes) ; l’amplitude de ces variations correspond à la sensation de son faible ou fort, leur fréquence à celle de grave et d’aigu.

Le système auditif, est l’organe récepteur du son.                                                       L’audition s’effectue en deux étapes sur deux niveaux fonctionnels :
- l’oreille, organe périphérique qui capte les sons, les analyse, et les transforme en influx nerveux
- Les voies de conduction nerveuses et des aires auditives cérébrales, chargé d’interpréter le message délivré par l’oreille

L’APPAREIL AUDITIF

L’oreille est constituée de trois parties ayant chacune des fonctions distinctes

l’oreille externe, pavillon et conduit auditif, reçoit et guide le son jusqu’au tympan, membrane séparant l’oreille externe de l’oreille moyenne, dont le rôle est de capter les variations de pression sonore (membrane d’un micro)

l’oreille moyenne, constituée de 3 osselets : marteau, enclume étrier, son rôle est de transmettre les mouvements du tympan à l’oreille interne,  elle communique avec le milieu extérieur par la trompe d’Eustache fermée à l’ordinaire et s’ouvre à la déglutition. Le stapédius (pt muscle) limite les mouvements des osselets lorsque le niveau sonore s’élève mais son efficacité est négligeable dans la protection contre le bruit.

l’oreille interne, milieu liquide renfermant : le vestibule dont le rôle est le maintient de l’équilibre ; et la cochlée ou limaçon assurant l’audition.
La cochlée abrite environ 15000 cellules sensorielles, les Є ciliées ayant un rôle déterminant dans l’audition. Permettent

- l’amplification des vibrations qui lui parviennent,
- l’analyse ces vibrations et les oriente en fonction de leur fréquence vers les fibres nerveuses qui lui sont connectées,
- la transformation de l’énergie vibratoire en influx nerveux.

Les vibrations sonores sont des phénomènes mécaniques transmis par le tympan et les osselets de l'oreille interne via les liquides contenus dans ce tube creux enroulé sur lui-même, qu'on nomme limaçon, ou cochlée. Tout le long de ce dispositif, se trouvent les fibres du nerf auditif. A l'origine de chacune de ces fibres cochléaires se trouve un ensemble très particulier, baignant dans les liquides de l'oreille interne, l'organe de Corti, dont la fonction est de transformer les vibrations mécaniques de ces liquides en signaux électro-physiologiques qui vont parcourir les fibres nerveuses vers le cerveau.

La plupart des surdités sont consécutives à une atteinte de ces cellules                          Conséquence : le malentendant n’entend pas certains sons par manque              d’amplification, et a des difficultés à comprendre la parole, faute d’analyse.

Les voies nerveuses et les aires auditives
L’influx nerveux généré par la cochlée est conduit jusqu’aux aires auditives du cerveau par un faisceau de fibres nerveuses dont chacune porte une partie des informations résultant de l’analyse effectuée par la cochlée.                                           Le cortex cérébral interprète le message nerveux qu’il reçoit de la cochlée, et génère la sensation auditive, image perceptive du message sonore capté par l’oreille.

 

 

 

La transmission de l’information

Les vibrations sonores traversent de gauche à droite sur ce schéma les trois parties de l'oreille, et mettent en mouvement les liquides du limaçon

Il existe une spécificité fréquentielle assez précise pour chacune de ces fibres.

Une vibration sonore est un mouvement dans l’espace et défini par son amplitude, intensité. Il se répète plusieurs fois par seconde, et ce rythme est ce qu'on appelle sa fréquence. Cette vibration dure enfin plus ou moins longtemps: c'est sa durée.

 

L’intensité du son

Un son représente donc une force secouant le milieu ambiant. C'est cette force qui donne la sensation d'intensité sonore. Elle se mesure en par comparaison avec l'amplitude la plus petite (0 db) qu'une oreille normale puisse percevoir. Cette mesure relative est le décibel, (db) unité de mesure (Graham Bell). Une intensité de 100 db est considérée insupportable pour l’oreille humaine avec risque d'entraîner des lésions de l'oreille interne. La fatigue auditive peut survenir lorsque notre oreille est soumise à un son permanent, même peu intense. Pas obligatoirement désagréable, elle est transitoire. Elle est responsable d'une baisse de la sensation d'intensité, comme si l’oreille s’habituait au bout d’une mn d’exposition. Phénomène encore plus net si vient s’ajouter un son intermittent.

Percevoir une très faible différence d'intensité dépend beaucoup de la nature du son. Pour un son pur, et à des intensités très faibles, ce seuil différentiel est proche de 2 db; il va augmenter avec l'intensité du son, mais de manière variable avec la fréquence. Ces variations d'intensité à la fois faibles et rapides est nécessaire pour la compréhension de la parole.

La fréquence du son

Le rythme plus ou moins rapide définit la fréquence d'un son. Son unité de mesure, c'est le hertz (Hz) Hommage au physicien de la fin du XIXème siècle, Heinrich HERTZ. Cette unité, définit une vibration par seconde. Quand elle se compte par milliers, on parle de kilohertz (Khz). On définit ainsi les sons graves, de fréquence faible, et les sons aigus, de fréquence élevée. Au-delà de 16000 Hertz/seconde, nous ne percevons plus rien : les sons deviennent des ultrasons, auxquels seuls sont sensibles les chiens et surtout la chauve-souris, qui pour se déplacer fait appel « l'écholocation ». Il agit, comme un radar à ultrasons,  va permettre à l’animal d’enregistrer les vibrations sonores dont l'écho sur les obstacles sera reçu, analysé et utilisé pour détecter sans les voir la présence et la distance de ceux-ci.                               La fréquence des sons graves, une centaine de hertz environ, est perçue comme un battement, quand ce battement anime un solide entre zéro et trois cents hertz, ces sons peuvent être perçus de manière tactile par les terminaisons sensibles de la peau.                                                                                                                            Les sourds totaux - ceux dont l'oreille interne est complètement détruite - croient entendre sur les fréquences graves : il ne s'agit là que des sensations tactiles, plus ou moins augmentées ou générées au niveau de la peau de l'oreille par les prothèses surpuissantes.


Le mécanisme de la surdité s’exprime clairement par l’audiogramme.
Examen consistant à faire entendre un son de fréquence pure avec une intensité de plus en plus forte, pour apprécier à partir de quelle intensité le patient sourd commence à percevoir cette fréquence. Ce seuil auditif "liminaire" s'apprécie en décibels (dB) par rapport à l'audition des sujets normaux.                                                                                                                    Puis on apprécie pour cette même fréquence le seuil douloureux, ou inconfortable, qui chez le sujet normal avoisine les 100 dB et correspond d'ailleurs à l'intensité qui commence à être dangereuse pour l'oreille.
La même opération est effectuée pour l'éventail des 7 principales fréquences (de 125 Hz à 8000 Hz) du spectre auditif de l'homme, et réalisée successivement pour les deux oreilles

On explore ainsi deux manières d'entendre.

La conduction aérienne est l'audition obtenue avec un haut-parleur plaqué sur le pavillon de l'oreille. Elle objective notre audition pratique de tous les jours.
L'audiogramme est un graphique dont l'abscisse étale horizontalement l'éventail des fréquences, et dont l'ordonnée exprime l'intensité nécessaire à l'obtention du seuil liminaire, de telle manière que l'audition du sujet normal soit représentée par une ligne horizontale courant tout en haut de l'audiogramme. La perte auditive d'un sujet sourd s'exprime en une ligne qui plonge, de manière plus ou moins brisée selon les fréquences, vers le bas du graphique.

La conduction osseuse fait appel à la sensation fournie par un vibreur placé sur l'os de la mastoïde derrière l'oreille. Cette vibration osseuse ébranle la totalité de la boîte crânienne, cochlée comprise, et par inertie entraîne des déplacements des liquides et des cellules sensorielles, à l'origine du son entendu. En court-circuitant l'action de l'oreille externe et de l'oreille moyenne, cette conduction osseuse donne une image précise des possibilités cumulées de l'oreille interne, du nerf et des centres cérébraux auditifs.
Mais pour obtenir la même sensation qu'en conduction aérienne, la stimulation en conduction osseuse doit apporter - de manière variable selon les fréquences - au moins mille fois plus d'énergie, c’est-à-dire qu'il y a toujours au moins 30 dB de différence entre les intensités des deux types de stimulation.
Là aussi les pertes auditives d'un patient s'inscrivent en décibels par rapport à l'audition d'un sujet normal.

La voix haute est une source sonore dont l'intensité est d'environ 60 à 70 dB au voisinage de la bouche du locuteur. La voix chuchotée au contraire se trouve aux alentours de 30 à 40 dB. Parler de ces deux manières à l'oreille permet de se rendre compte, approximativement mais rapidement, de l'importance de la perte auditive. Le diapason est un instrument essentiel pour le médecin O.R.L. permet très facilement de faire le diagnostic de surdité de transmission ou de perception, et souvent même d'en apprécier quantitativement la sévérité.

                                                                                                                                   LA DEFICIENCE AUDITIVE

L’audition est un sens particulièrement fragile, les Є sensorielles sont sensibles aux agressions (pathologies, vieillissement, bruit, médicaments)  Il faut savoir que ces Є peu nombreuses, ≈15000, ne se renouvellent pas, comparativement à la vision qui utilise plusieurs millions de Є rétiniennes, et l’odorat qui dispose de millions de Є sensorielles, qui se renouvellent.

Il faut comprendre                                                                                                       Que toute destruction des cellules ciliées de la cochlée conduit à la déficience auditive irrémédiable.                                                                                                          Les surdités d’origine cochléaires sont fréquentes.                                                            Il est impossible de remplacer des cellules ciliées détruites.                                      Seules les aides auditives et les prothèses implantées agissant sur le son, non sur l’oreille permettent de compenser partiellement le handicap.



 

DIAGNOSTIC DE LA SURDITE

On reconnaît quatre types de surdités.

·                 Les surdités de transmission : liées à un obstacle dans la transmission des sons jusqu'aux liquides de l'oreille interne. Dans ces formes, l'oreille interne est normale. Le meilleur exemple en est le simple bouchon de cire, ou la boule Quiès que l'on met dans son conduit auditif externe pour s'isoler du bruit. A cette catégorie appartiennent aussi les surdités transitoires de l’otite aiguë, ou les surdités, permanentes jusqu’à l’opération, dues à un blocage ou à une lésion des osselets.

·                 Les surdités de perception : rassemble les surdités, conséquence d’une atteinte de l'oreille interne ou d’une lésion du nerf auditif ou des centres cérébraux. Ce sont de nos jours les plus difficiles à traiter.

·                 Les surdités mixtes, qui associent un obstacle à la transmission des sons, à une atteinte plus ou moins importante de l'oreille interne. Une infection chronique qui a détruit le tympan et les osselets, et a, en même temps, altéré les liquides de l'oreille interne, en est le meilleur exemple, car elle associe en effet une surdité de transmission à une atteinte de perception.

·                 Les surdités profondes et totales caractérisées par le handicap éducatif, social et professionnel qu'elles entrainent, notamment chez l'enfant, et la réhabilitation que leur apporte l'implant cochléaire.

Є ciliées de Corti normales

...et après traumatisme sonore

 

Les différentes prises en charge proposées

           L’implant cochléaire est une prothèse auditive particulière destinée aux sourds profonds ou aux sourds totaux qui ne tirent plus de bénéfice d'un appareillage auditif conventionnel même surpuissant.

Un implant cochléaire est composé de 3 parties :

Principe de fonctionnement :

L’implant cochléaire a pour but de shunter un organe de Corti déficient.

Il va donc agir en aval de celui-ci en stimulant directement les terminaisons nerveuses qui vont au cerveau. Comme l’organe de Corti qu’il tente de remplacer, il assure la transduction de l’énergie, et le codage du message acoustique. Il va donc, en stimulant les terminaisons auditives, émettre des signaux.

Il faut bien sûr que le nerf auditif soit fonctionnel, et permette le passage des influx électro-acoustiques.

Les informations sonores transmises par le microphone sont traitées par le processeur vocal à l'aide de différentes stratégies adaptées au cas particulier de chacun. Il en résulte un signal électrique complexe qui sera transmis au récepteur interne par l'intermédiaire des antennes émettrices et réceptrices. Ces signaux sont ensuite acheminés jusqu'à l'oreille interne où grâce aux différentes micro-électrodes, ils vont directement stimuler le nerf auditif.

Il est très important de comprendre qu'un implant cochléaire ne restitue en aucun cas une audition normale. Il s'agit d'une prothèse auditive et la personne sourde qui en bénéficie reste sourde !

A qui est destiné l'implant cochléaire ?

Avant tout, la prothèse cochléaire est destinée aux personnes sourdes qui ne tirent plus de bénéfice d'un appareillage auditif même surpuissant. Dans les autres cas, une prothèse auditive conventionnelle restera plus performante.

Chez l'enfant, il s'agit donc de sourds profonds congénitaux bilatéraux chez qui après une période d'essai d'au moins plusieurs mois, il s'avère qu'aucun appareillage auditif n'apporte de bénéfice. L'âge idéal pour la mise en place de cet implant est en permanente discussion mais il semble clair que le plus tôt est le mieux si les conditions médicales (notamment radiologiques) sont satisfaisantes.

Il n'y a pas d'âge limite pour ce type de prothèse, il faut savoir que chez les grands adolescents et les adultes sourds congénitaux, les résultats sont très décevants. Ceci est dû à la perte de la capacité d'adaptation du système nerveux central qui survient avec l'âge.

Rééducation et suivi

Pendant la première année, trois jours par mois pendant 6 mois, puis 3 jours par trimestre jusqu’à la fin de la deuxième année, et 1 à 2 fois par an les années suivantes en fonction des besoins et de la demande de chacun.

Il est nécessaire de faire deux réglages de la prothèse, une fois au début des 3 jours et une fois à la fin, car il est compliqué d’obtenir des seuils de perception et des seuils de confort.

Le patient recevra des informations et aura des témoignages. Les contrôles réguliers permettent d’adapter l’implant.

Il faut que le patient s’habitue à décoder ses nouvelles sensations auditives.

Si un patient n’a pas de bonnes perceptions, il suffira de vérifier qu’il n’y a pas de problèmes au niveau de l’appareil ou des réglages.

Les résultats

Au niveau de la perception de la parole dans le calme, les patients suivent des exercices, en particulier un exercice de lecture indirecte minutée avec contrôle du nombre de mots correctement répétés.

Cela permet d’apprécier la rapidité de compréhension de la parole sans lecture labiale : est-ce que c’est assez confortable ? Ce type d’exercice rapproche d’une situation de communication classique.

Les patients ont en moyenne un score de 40 mots par minute, trois mois après l’implant.

Avant, ils ne pouvaient pas faire cet exercice sans lecture labiale (0 mot/minute).

Dix ans après, on a une moyenne de 60 mots par minute. Un adulte entendant peut répéter 120 mots par minute.

Avec un implant cochléaire et avec une surdité profonde, on arrive quand même à des scores moyens de 60 mots/minute, c’est-à-dire une compréhension de la parole confortable. Bien sûr, c’est une moyenne, donc certains ont 100 mots par minute, et d’autres moins. Cela dépend d’autres facteurs (âge, etc.)

Dans le bruit, il y a une perte importante d’information, et la reconnaissance de petites phrases en milieu bruyant montre une compréhension d’environ 50 % du message. Il y a donc quand même une perte de 30 à 40 % de l’information dans le bruit.

C’est pourquoi, en rééducation orthophonique, lorsqu'un patient a un implant, on est amené à développer toujours une bonne lecture labiale, car dans les environnements bruyants, l’implant plus la lecture labiale vont permettre quand même une bonne participation.

 

Dans la vie quotidienne, il y a le contexte qui permet une meilleure reconnaissance.

La télévision : la compréhension de la parole est difficile pour beaucoup de patients, et la plupart disent utiliser le télétexte.

L’utilisation du téléphone : 23% des patients peuvent avoir une conversation téléphonique, surtout avec leurs proches. Mais cela dépend beaucoup de la motivation des personnes, et de la confiance prise.

Les patients sont tous satisfaits, après une période d’adaptation de 1 à 6 mois.

L’implant améliore le vécu de la surdité, et il y a une amélioration de la communication pour 95% des patients.

La conversation à deux est facile, à plusieurs, elle reste plus difficile.

Les patients qui ont une prothèse classique controlatérale ont une meilleure compréhension.

Acouphènes et vertiges : sur 47 patients, 51% ont des acouphènes (qu’ils avaient avant l’implant).32% n’ont eu aucun changement.

Pour 5%, les acouphènes sont apparus après l’IC.7% ont vu une disparition des acouphènes.

Les limites de l’implant :

Impossibilité de localiser un son, sauf si on passe à l’implantation bilatérale.

Difficultés de perception dans le bruit et à distance.

Nécessité d’être concentré pour entendre.

Utilité de la lecture labiale pour la conversation en groupe.

Dépendance comme avec les prothèses (réglages, piles, pannes, etc.).

Tous les patients reconnaissent une amélioration de la qualité de la vie, en lien avec l’amélioration des possibilités auditives, les résultats sont meilleurs si la durée de la surdité est courte, si le patient est motivé, etc.

 

 

§§§§§